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8 novembre 2008 6 08 /11 /novembre /2008 09:00

tout sur mon cocktail de drogues au samedi 8 novembre 2008

 

morphine 6mg               toutes les 4 heures

morphine 3 mg              entre deux, en réserve 

Dafalgan 1000                     douleur et inflammation; 4x/jour

Lyrica 50 mg                 douleurs neurologiques; 2x/jour

Nexium 20 mg                   pour protéger l'estomac; le matin

Lexotanil 3 mg                     détendre et relaxer (le matin)

Stilnox 10 mg                          pour dormir (le soir)  
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8 novembre 2008 6 08 /11 /novembre /2008 05:00

***

Etre à l'hôpital a un côté étrangement romantique. Abandonner son corps aux soignants, leur ouvrir votre âme parfois.

Passer des heures sans dormir la nuit, guetter le moindre bruit extérieur (oiseaux, pluie, vent, bruit de pas, voix au loin, hélicoptère et sirènes).

Derrière la porte bien épaisse, la petite vie fourmillière des infirmières. Bruits de pas, glissements de chariots, sonnerie de bips et de sonnettes...

La lumière éteinte, on voit celles de la ville. C'est beau. Observer de l'extérieur ces petits insectes qui s'agitent.

Brel me souhaitait des bruits d'oiseaux au réveil, le murmure doux de l'eau. J'entends surtout, très présents, les bruits du couloir et en arrière-fond, bien après les oiseaux, le chant de la vie.

Des rêves à n'en plus finir et l'envie furieuse d'en réaliser quelques uns.


 

06:00


A cette heure-ci, les gens se lèvent pour aller bosser. Pas aujourd'hui, c'est samedi, deux heures de répit avant le marché. Repos imposé jusqu'à 8h!

Mais peu importe.  


                                                                                     

D'ici une heure, le lever du soleil. Les plus beaux jamais observés. Un festival de pourpres, d'ocres, de violets, d'améthystes. Il me manque de quoi immortaliser ce moment.

Des levers de soleil pleins d'espoir!!! Des levers de soleil brumeux aussi. C'est que c'est déjà presque l'hiver. Echarpes, bonnets et soupes à la citrouille. L'autre matin il avait neigé. L'hiver stérile, gris, dur, réaliste.

Dans cet hôpital de morts vivants je me sens vampire. Ou plutôt anti-vampire.

Victime de vampire. La fiancée de Glaglagla.

C'est moi qu'on perfore, nuit et jour, c'est mon sang qu'on emporte dans des petits tubes transparants. Je vis la nuit, je ne mange pas. Chaque soir à l'approche du matin je guette les changements dans le ciel, un frémissement de soleil. Impatience mêlée d'angoisse.

 

C'est pour ça je pense la première nuit, que j'ai eu l'impression, comme Louis, de mourir et me transformer en monstre des mondes obscurs.

Je vais demander un verre de lait. 

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8 novembre 2008 6 08 /11 /novembre /2008 03:00

Même à moitié vivante, le I-pod continue toujours à tourner. Souvent la nuit  pour meubler l'attente.


Je découvre, je trie, je garde, je m'émerveille, je me désole. Il y a de tout sur mon I-pod. De la furie adolescente. Du bric-à-brac piqué sur l'ordi de ma collègue. Un magma sans queue ni tête ramené d'un pays lointain. Le bruit vomitif d'un ancien fiancé. Et de tout ça, chaque jour, une chanson qui se détache des autres. Une mélodie dominante, entêtante, lancinante qui donne le ton à la journée.


C'est la rubrique "chanson d'humeur".
 

A la terrasse, dans le vent, des péripéties, des instants
Qui font que l'on se sent vivant, qu'on aimerait à présent
Aux heures perdues il y a longtemps on aime à penser maintenant
On en sourit et légèrement nos yeux se ferment inconsciemment

J'ai voulu garder les yeux secs et notre vie à contretemps

Les chaises vides, le désarroi d'un hiver qui parle de moi
Du précipice de mes émois et de la vie malgré tout ça
Je laisse cette terrasse derrière moi et avec elle je ne sais quoi
Je la laisse là sans un éclat, sans savoir ce qu'il y a devant moi


A contretemps - Joseph d'Anvers 


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7 novembre 2008 5 07 /11 /novembre /2008 21:56

C'est celle qui suit l'opération. Douleurs impossibles à identifier, une myriade de nouvelles sensations à apprivoiser, et surtout toutes les formes de la douleur:

-       l'engourdissement

-       le décalage de sensibilité: on me touche le pied, ça me chatouille le talon; les mains qu'on m'applique sont toujours brûlantes; une douce friction m'emmène au paradis.

-       la brûlure et l'engelure au niveau de l'incision; vive et acide

-       l'élongation: impression de stretching intensif, le genou en surextension pendant des heures

-       les crampes jusque dans les reins

-       le tiraillement à l'endroit du cathéter

-       la faim avec absence d'appétence

-       l'incapacité (et d'ailleurs interdiction) de s'asseoir 

J'allume, j'écris, je respire, je sonne, je resonne, l'infirmière n'a jamais le temps, après des heures d'attente fébrile, j'aperçois un premier rayon de soleil. Il n'est que minuit.

Mon corps et là mais ma tête est ailleurs. Je m'endors quand on me parle et je mets 1h pour écrire 3 sms.



En salle de réveil, premier contact – doux – de C*** mon doudou sur ma joue. Un coup d'oeil à mon environnement et la douleur me submerge. Je geins comme une parturiante, je pleure, je claque des dents. Autour de moi des zombies couchés méditent sur le plafond. Des sabots en blouse verte s'agitent. Aucun ne me prête attention. Seule l'anesthésiste vient me voir.

Je n'arrive pas à parler. Je gémis et je pleure. On me dit de me détendre. Tour à tour les infirmières de mon étage descendent et repartent avec d'autres clients. Je suis un résidu de compost sur un chariot.

 

Dix minutes avant de me descendre au bloc, on m'a fait changer de chambre. Vlan, toutes tes affaires sur les genoux et dégage ma fille!

 

Le soir ma mère me nourrit à la becquée. Pour la première fois semble-t-il "j'ai bien mangé". Facile quans on ne voit pas ce qu'on nous enfourne...

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7 novembre 2008 5 07 /11 /novembre /2008 21:43

Elle vous brûle.

Elle vous tire.

Elle vous pique.

Elle vous tord.

Elle vous mord.

Elle vous cuit.

Elle vous mange.

Elle me distend comme un élastique.

Elle m'engourdit dans son palais de glaces.

Elle me déglutit comme un fruit mort.

Me liquéfie. Me tient en vie.

 

Des trous partout. Un tuyau dans la main qu'on sent jusqu'au poignet. Un papillon pour les rêves sur commande. 25 cm de découpe dans ma jambe. Un tuyau dans ma gorge, de l'oxygène dans mon nez. Le klaxon jour et nuit dans les oreilles. Pour tout parfum du sterilium. Ma conscience qui fout le camp. Et déjà 11 piqûres de Klexane pour une lune décroissante.

      

La lune... joli mot pour parler de cette partie du corps sous le nombril. Chaque jour moins visible, chaque jour moins palpable. Eclipse de lune. Faut-il que les patients se laissent mourir de faim pour qu'on se préoccupe de leur estomac?

 

... ou de leur coeur?
♥   ♥ 


Je meurs d'amour, de tendresse, de douceur. Un ami pour me tenir la main. Me fondre en lui, me laisser bercer dans sa chaleur.


Un ami pour être avec là. Avec moi. Chambre 105, CHUV 14e étage.
 

 ¤  ¤ O ¤ O ¤ O ¤ O ¤ O ¤ O ¤ O ¤ O ¤ O ¤ ¤
 

La visite dont je me réjouissais tant n'est pas venue.

Les limbes s'épaississent

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7 novembre 2008 5 07 /11 /novembre /2008 21:00

"Mettez-vous à la place d'un observateur extérieur et souvenez-vous que chaque évènement de votre vie a un but caché."


 

Quand ma voisine de chambre m'a dicté cette phrase, j'étais prête à croire que le but caché de mon séjour en apesanteur était de me réunir avec ma moitié.

Après 2 jours sans nouvelles, dont deux de souffrance et de douleur, je suis à nouveau sèche et stérile. Alors que j'étais un jardin au printemps, explosion de couleurs et de vie, en entendant la douceur de sa voix le matin même quand il me disait "à ce soir"...

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7 novembre 2008 5 07 /11 /novembre /2008 20:00

Fatigue. Néant. Liquéfaction du cerveau. La langue gonflée, boire à la paille. Pleurer de frustration. Rèves psychédéliques entre 2 bouchées. Trous noirs. Absences.


C'est comme si j'avais avalé le plus gros acide de toute ma vie. Je ne comprends rien à ce qui se passe autour de moi. Tout est au ralenti, je ne peux pas m'asseoir, des lames de rasoir scient méthodiquement mon genou. Ce fameux genou. Torturé, maltraité, détesté. Malgré le soin que je lui ai apporté, chaque jour des caresses et des frictions, les crèmes les plus douces du marché et d'ailleurs.



Tout est comme un rêve, un rêve absurde où on m'apporterait le souper au lit avec une jolie serviette de fête. Un monde de princesse où il suffit de sonner pour avoir tout ce qu'on veut. Ouvrir la fenêtre, remonter la couverture, me mettre des chaussettes aux pieds et de la lavande dans le dos. Nourrir le papillon toutes les 4h...



Un monde où je résilierais tous les contrats d'assurance maladie des jeunes de M*** sur une plage paradisiaque, vite vite avant de me retrouver dans l'enfer d'une salle de réveil, à pleurer ma race de douleur...



J'essaie d'écrire, incapable de me rappeler où sont les touches sur le clavier. Comment me relire? Je vois double...



N*** n'a rien compris de la conversation skype de tout-à-l'heure.

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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 06:00

L'hôpital a cette merveilleuse faculté, cette capacité mystérieuse à vous faire basculer dans un monde de coton où rien finalement n'est vraiment important.

Vos sens s'engourdissent, vos nerfs s'affinent. J'ai pleuré de rage et de désespoir. J'ai pleuré de voir mes projets et mes rêves s'évanouir en même temps que le jour se levait.

La faim, le froid, envie de rien, ne pas même exister – se réveiller intacte une fois tout cela passé et tout reprendre comme avant.

Et puis au fil des jours la tristesse s'efface. Elle est toujours là, qui s'accroche à moi. Comme ces chagrins d'enfant qui vous submergent et vous laissent sans force. Vous mangent les tripes jusqu'à la moëlle. Et disparaissent aussi vite qu'ils étaient apparus. 


Aujourd'hui je suis une princesse. Toute vêtue de rose, des paillettes dans les cheveux, j'attends mon chevalier dans ma tour d'ivoire. Tout autour de moi respire le parfum des roses.


Mon doudou, mon ami, mon copain reste auprès de moi et me susurre des mots doux à l'oreille. Je m'endors dans un souffle.  Je vis dans un rêve. 
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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 00:00

"Vous êtes sur le répondeur de mlle-cassis. Je ne peux vous répondre pour le moment. Vous pouvez me laisser un message et je vous rappellerai dès mon retour du bloc."

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5 novembre 2008 3 05 /11 /novembre /2008 22:15
La pensée du 5 novembre sur le calendrier (34 ans de Y*** ♥): 

Jésus dit à Lazare: lève-toi et marche! 
Et Lazare le fit. 

Moi mon médecin il s'appelle Christian, bin il est pas prêt de me voir marcher! 
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