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15 novembre 2008 6 15 /11 /novembre /2008 19:00

Du haut de mon 14e, je regarde la ville.
La lune qui monte lentement dans le ciel telle une grosse crêpe.  

J'hume
j'inhale
j'avale
ses odeurs. J'admire
goûte
savoure

ses couleurs. J'écoute
m'enivre

de ses bruits.

 

Les feux des voitures, les néons des enseignes, les lumières des parkings.
Le déroulé langoureux des collines de Belmont pour horizon.
Les trois yeux rouges d'une tour qui vômit immuablement sa fumée tel un alien qui veille (surveille?) la ville.

 
Ma ville...

Tu respires      
  tu soupires      
    tu vibres      
L'air froid de la nuit
   tu vrombis!
  m'enveloppe    
    et m'emporte  

Petite ville...

Tu continues à vivre.
Pareille à moi.

Mais sans moi.

 

 

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13 novembre 2008 4 13 /11 /novembre /2008 16:00


dehors

le vent

la table

les fleurs


bariolées   rayonnantes  


bigarrées    
chamarrées      mordorées
       
  colorées    
    polychromes  
mélangées      
  panachées         
    illuminent enluminent  
déballant      
    dévoluant  
  déferlant     
      débordant
       
  vivant    
      courant  
    dansant



au vent
 

 

et mon coeur
qui pleure  
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10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 21:34


Appeler un bon copain avec lequel vous n'avez plus de relation depuis quelques années. Vous mettre d'accord sur le fait de vour rencontrer très vite pour rattraper le temps perdu.


Vos agendas débordent, vous ne pouvez bien sûr coucher tout de suite une date mais prenez rendez-vous pour le faire.

Le lendemain, vous vous faites émietter par une voiture et attendez une semaine pour le prévenir pour voir s'il sera si impatient qu'il vous apellera lui avant.


Hello! Je suis un peu embêtée pour notre rv de cette semaine car je suis au CHUV depuis 1 semaine avec un genou cassé... C'est nul, je me réjouissais... Ne sois pas embêtée, c'est loin d'être important... Par contre ta santé l'est plus. Je t'appelle demain, si ça ne te gêne pas. Bonne nuit.


Le pire c'est qu'il vous rappelle VRAIMENT le lendemain et vous propose – en plus - de venir vous voir à l'hôpital (du jamais vu! mais qui est ce mystérieux inconnu à marier dans la seconde!)

Euh... en fait cette semaine non plus, il n'a pas trop le temps mais peut-être ce soir... Et là malentendu.

Vous avez compris qu'il passerait ce soir.

En réalité c'est plutôt non mais il vous redit si quelque chose se détend dans son emploi du temps.

 

Du coup vous le prenez pour le dernier des goujats de ne s'être pas pointé.

Dimanche soir (une semaine plus tard, vous lui avez laissé plus que le temps de se manifester!), vous réagissez.

Nouvel échange de sms.

Pathétique.  

Vous n'en décrochez pas de la journée. Vous ne comprenez pas. Alors que vous avez passé 1h, hagarde, vous retenant de sombrer à réécrire 100 fois le même sms pour être sûre qu'il traduise l'entièreté de votre pensée, le tout avec des mots lisibles (inconvénient de la morphine, qui a tendance à mélanger les idées dans la tête et les lettres sous les doigts). La violence de ses propos envers vous.

La fureur, la tristesse, la frustration qui vous arrache les tripes. Vous recopiez obsessivement sur votre ordinateur vos échanges de sms depuis 10 jours pour voir où vous avez manqué le coche.

Les lisez et les relisez dans tous les sens.

Quel gros connard.

Les lisez et les relisez, au bord de l'hystérie. 

Et finissez par vous rendre compte de la gravité du délire qui est le vôtre.

Des méfaits conjoints de la drogue, du manque de sommeil et d'un vide affectif sidéral. Il ne vous reste plus qu'une chose à faire. Implorer des excuses pour vous être montrée sous ce jour-là.

Et, contre toute attente, R*** décroche. Vous écoute brailler, hoqueter, déblatérer vos conneries. Ne semble pas effrayé, même après une déclaration à laquelle même vous n'étiez pas préparée. Demande que vous lui donniez des nouvelles dans la semaine.

Et le pire c'est qu'ensuite vous vous sentez en paix, libérée. Il a un don ce mec.  

Merde. 

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8 novembre 2008 6 08 /11 /novembre /2008 09:00

tout sur mon cocktail de drogues au samedi 8 novembre 2008

 

morphine 6mg               toutes les 4 heures

morphine 3 mg              entre deux, en réserve 

Dafalgan 1000                     douleur et inflammation; 4x/jour

Lyrica 50 mg                 douleurs neurologiques; 2x/jour

Nexium 20 mg                   pour protéger l'estomac; le matin

Lexotanil 3 mg                     détendre et relaxer (le matin)

Stilnox 10 mg                          pour dormir (le soir)  
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7 novembre 2008 5 07 /11 /novembre /2008 21:56

C'est celle qui suit l'opération. Douleurs impossibles à identifier, une myriade de nouvelles sensations à apprivoiser, et surtout toutes les formes de la douleur:

-       l'engourdissement

-       le décalage de sensibilité: on me touche le pied, ça me chatouille le talon; les mains qu'on m'applique sont toujours brûlantes; une douce friction m'emmène au paradis.

-       la brûlure et l'engelure au niveau de l'incision; vive et acide

-       l'élongation: impression de stretching intensif, le genou en surextension pendant des heures

-       les crampes jusque dans les reins

-       le tiraillement à l'endroit du cathéter

-       la faim avec absence d'appétence

-       l'incapacité (et d'ailleurs interdiction) de s'asseoir 

J'allume, j'écris, je respire, je sonne, je resonne, l'infirmière n'a jamais le temps, après des heures d'attente fébrile, j'aperçois un premier rayon de soleil. Il n'est que minuit.

Mon corps et là mais ma tête est ailleurs. Je m'endors quand on me parle et je mets 1h pour écrire 3 sms.



En salle de réveil, premier contact – doux – de C*** mon doudou sur ma joue. Un coup d'oeil à mon environnement et la douleur me submerge. Je geins comme une parturiante, je pleure, je claque des dents. Autour de moi des zombies couchés méditent sur le plafond. Des sabots en blouse verte s'agitent. Aucun ne me prête attention. Seule l'anesthésiste vient me voir.

Je n'arrive pas à parler. Je gémis et je pleure. On me dit de me détendre. Tour à tour les infirmières de mon étage descendent et repartent avec d'autres clients. Je suis un résidu de compost sur un chariot.

 

Dix minutes avant de me descendre au bloc, on m'a fait changer de chambre. Vlan, toutes tes affaires sur les genoux et dégage ma fille!

 

Le soir ma mère me nourrit à la becquée. Pour la première fois semble-t-il "j'ai bien mangé". Facile quans on ne voit pas ce qu'on nous enfourne...

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7 novembre 2008 5 07 /11 /novembre /2008 21:43

Elle vous brûle.

Elle vous tire.

Elle vous pique.

Elle vous tord.

Elle vous mord.

Elle vous cuit.

Elle vous mange.

Elle me distend comme un élastique.

Elle m'engourdit dans son palais de glaces.

Elle me déglutit comme un fruit mort.

Me liquéfie. Me tient en vie.

 

Des trous partout. Un tuyau dans la main qu'on sent jusqu'au poignet. Un papillon pour les rêves sur commande. 25 cm de découpe dans ma jambe. Un tuyau dans ma gorge, de l'oxygène dans mon nez. Le klaxon jour et nuit dans les oreilles. Pour tout parfum du sterilium. Ma conscience qui fout le camp. Et déjà 11 piqûres de Klexane pour une lune décroissante.

      

La lune... joli mot pour parler de cette partie du corps sous le nombril. Chaque jour moins visible, chaque jour moins palpable. Eclipse de lune. Faut-il que les patients se laissent mourir de faim pour qu'on se préoccupe de leur estomac?

 

... ou de leur coeur?
♥   ♥ 


Je meurs d'amour, de tendresse, de douceur. Un ami pour me tenir la main. Me fondre en lui, me laisser bercer dans sa chaleur.


Un ami pour être avec là. Avec moi. Chambre 105, CHUV 14e étage.
 

 ¤  ¤ O ¤ O ¤ O ¤ O ¤ O ¤ O ¤ O ¤ O ¤ O ¤ ¤
 

La visite dont je me réjouissais tant n'est pas venue.

Les limbes s'épaississent

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7 novembre 2008 5 07 /11 /novembre /2008 20:00

Fatigue. Néant. Liquéfaction du cerveau. La langue gonflée, boire à la paille. Pleurer de frustration. Rèves psychédéliques entre 2 bouchées. Trous noirs. Absences.


C'est comme si j'avais avalé le plus gros acide de toute ma vie. Je ne comprends rien à ce qui se passe autour de moi. Tout est au ralenti, je ne peux pas m'asseoir, des lames de rasoir scient méthodiquement mon genou. Ce fameux genou. Torturé, maltraité, détesté. Malgré le soin que je lui ai apporté, chaque jour des caresses et des frictions, les crèmes les plus douces du marché et d'ailleurs.



Tout est comme un rêve, un rêve absurde où on m'apporterait le souper au lit avec une jolie serviette de fête. Un monde de princesse où il suffit de sonner pour avoir tout ce qu'on veut. Ouvrir la fenêtre, remonter la couverture, me mettre des chaussettes aux pieds et de la lavande dans le dos. Nourrir le papillon toutes les 4h...



Un monde où je résilierais tous les contrats d'assurance maladie des jeunes de M*** sur une plage paradisiaque, vite vite avant de me retrouver dans l'enfer d'une salle de réveil, à pleurer ma race de douleur...



J'essaie d'écrire, incapable de me rappeler où sont les touches sur le clavier. Comment me relire? Je vois double...



N*** n'a rien compris de la conversation skype de tout-à-l'heure.

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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 06:00

L'hôpital a cette merveilleuse faculté, cette capacité mystérieuse à vous faire basculer dans un monde de coton où rien finalement n'est vraiment important.

Vos sens s'engourdissent, vos nerfs s'affinent. J'ai pleuré de rage et de désespoir. J'ai pleuré de voir mes projets et mes rêves s'évanouir en même temps que le jour se levait.

La faim, le froid, envie de rien, ne pas même exister – se réveiller intacte une fois tout cela passé et tout reprendre comme avant.

Et puis au fil des jours la tristesse s'efface. Elle est toujours là, qui s'accroche à moi. Comme ces chagrins d'enfant qui vous submergent et vous laissent sans force. Vous mangent les tripes jusqu'à la moëlle. Et disparaissent aussi vite qu'ils étaient apparus. 


Aujourd'hui je suis une princesse. Toute vêtue de rose, des paillettes dans les cheveux, j'attends mon chevalier dans ma tour d'ivoire. Tout autour de moi respire le parfum des roses.


Mon doudou, mon ami, mon copain reste auprès de moi et me susurre des mots doux à l'oreille. Je m'endors dans un souffle.  Je vis dans un rêve. 
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